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Paris-Liège à vélo
23 août 2019

Vendredi 23 août : St Michel – Charleroi (105 kilomètres)

Ce matin, départ traditionnel à 9h30 sous un soleil estival, après un petit déjeuner à volonté au « salon ». Notre voisin de chambrée était là, mais il doit être comme moi le matin, faut pas le brusquer, et nous avons échangé juste un « au revoir » quand il s’est levé au bout de 20 minutes sans avoir ouvert la bouche. 

Nous sommes comme des dingues, car le passage de la frontière est imminent. Ok ce n’est pas très exotique ce coup-ci, mais bon ça fait toujours son effet, surtout dans ces circonstances…

D’abord, le panneau directionnel « Belgique » à la sortie de Saint-Michel nous a mis dans le bain. Nous avons suivi une route de campagne qui a plongé en pleine forêt. Google Maps nous a invité à la suivre « jusqu’au bout », la frontière sera là...En réalité, nous sommes sur la ligne Maginot, comme le préciseront de nombreuses pancartes. On se met à remonter le temps et imaginer les Poilus à cet endroit, les bombes, les bunkers et les tranchées...Quelle contraste avec la zénitude du moment. Au bout de la route donc, nous nous sommes retrouvés le bec dans l’eau, puisque celle-ci s’est arrêtée d’un coup, nous laissant devant un grillage qui se dresse telle une muraille : la « pseudo-frontière » bien sûr.

Google nous précise qu’à 200 mètres en longeant à main droite, un chemin nous permettra de le passer, il y a apparemment un accès. Nico est sceptique, moi j’y crois ; on avance donc difficilement sur ce sentier herbeux jusqu’à un petit portillon improbable. Incroyable ! De l’autre côté une maison. Belge. Le problème c’est que le portillon a l’air fermé. Je ne me démonte pas et propose à Nico d’escalader et d’y passer nos vélos par dessus. Il n’est pas convaincu, envisage plutôt pour un demi-tour et un autre passage. Et pis là, arrive miraculeusement une voiture aux couleurs de la Poste Belge qui vient déposer le courrier de la maison. On interpelle le conducteur pour savoir si les proprios sont là afin de ne pas la jouer « infraction » sur la propriété. Avec son doux accent, il nous invite à vérifier que le portillon ne soit pas ouvert, sait-on jamais : on s’est retrouvé comme 2 cons à pousser la poignée sans avoir à forcer. Merci la Poste Belge. Voilà nous sommes en Belgique !

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20190823_103331Avant de repartir, Nico retourne voir les bunkers côté français. Pendant que je l’attends, les proprios rentrent chez eux. Une jeune fille guide ses chevaux juste devant nous ; nous attendons notre tour. On se rappellera de notre entrée dans le Plat Pays…

Nous avons pris la direction de l’abbaye de Scourmont, où est brassée la  fameuse bière de Chimay, soit dix kilomètres de ligne droite sur une  vicinale… Il commence à faire chaud, les jardins de l’Abbaye nous ont permis de souffler et de découvrir un lieu assez bucolique. Curiosité avec le cimetière des moines, des buissons coupés en cube remplaçant les tombes. La bière n’étant pas « accessible » sur place, nous décidons d’en goûter une directement en ville. Sur le chemin, nous nous arrêtons à la source même de l’Oise, un fossé tout asséché en réalité. Nous aurons donc longé tout l’affluent depuis sa source ! So long, river !

A l’entrée de Chimay (« Chimay...pas trop »), c’est l’effervescence dis donc : le marché bat son plein, le centre est animé… On se pose rapidement dans le premier resto qui propose une terrasse ombragée et au calme, et on trinque à la bière locale, accompagné d’une « escavèche ». Nous avons réservé au passage notre logement pour ce soir à Charleroi : un studio rien que pour nous en centre ville. Nico me donne une vision pas très positive du lieu à venir, de vagues souvenirs quand il était passé devant étudiant. Ah ? Bon on verra sur place hein...

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Une heure plus tard, il est temps de repartir. Et là c’est le drame : à deux mètres de nous, une mamy qui sortait du resto se casse la gueule. Nous l’aidons à se relever, elle n’a pas eu l’air de comprendre ce qui lui arrive. Son mari sort du restaurant, et v’là ti pas qu’ils s’engueulent pour savoir qui va conduire ; le papy rentre dans la voiture, et manque de s’embrocher dans le camion stationné devant. Ils ont l’air bien éméchés les vioques…

Après cet acte héroïque, nous entamons un tour de ville touristique, c’est joli Chimay, son centre pavé, son château, son église, ses rues propres, son échiquier géant sur la Grand place…Je passe rapidement à l’office de tourisme où je récupère un magnifique plan des... « Ravel », acronyme de Réseau Autonome des Voies Lentes. Depuis 10 ans, se développe en effet ce réseau qui multiplie les pistes cyclables partout en Wallonie. Il faut avouer que c’est du bon boulot, le maillage est dense, même si les panneaux sont parfois difficilement compréhensibles, il peut y avoir 4 ou 5 sigles différents avec autant de numéros dessus. La Ravel n°3 monte plein nord jusqu’à Charleroi, c’est une piste cyclable en forêt très agréable. A noter sur le chemin : le bar perdu à Froidchappelle avec un clip d’Indochine à la télé qui m’a soûlé ; les handicapés du Centre adapté de ce même village, se baladant eux aussi dans leur chaise roulante électrique (on a même cru d’ailleurs que certains tentaient La Grande Evasion…) ; les grandes barrières orange merdiques en travers de la piste, nous obligeant à chaque fois à ralentir ; un couple de jeunes cyclistes, le ventre ceint d’un film plastique transparent (sic), que nous (et qui nous) dépasserons(t) plusieurs fois ; une voie de chemin de fer parallèle à la Ravel avant l’arrivée à Thuin. C’est là que nous avons galéré pour récupérer l’Eurovélo 3 (elle longe la Sambre jusqu’à Charleroi). Au niveau d’une portion assez mal entretenue, devant un cimetière, la nana « au film plastique » se casse la gueule juste devant nous, sa roue se coincant dans un rail. Catastrophe. Nous l’aidons à se relever (2ème acte héroïque du jour), son ami la console, mais elle restera traumatisée par la chute. Ils ont prévu d’aller au-delà de Charleroi, on ne saura jamais si ils y sont arrivés, il est déjà 18h00...Un autre couple de seniors qui avait assisté à la scène nous indique le chemin à récupérer, c’est tarabiscoté : passer sous le pont, puis sur le pont, puis un virage à 180°. Enfin ça y’est : la Sambre est là, et la Ravel aussi, juste à côté…

Le paysage n’est plus le même, la Sambre nous invitant à une déambulation sympathique dans un cadre verdoyant, avec ses écluses et les vestiges de l’abbaye d’Aulne...Ce parfait tableau a été brutalement stoppé à l’approche de Charleroi, haut lieu de l’industrie minière fut un temps : d’abord le passage délicat à Marchienne-au-Pont et ses zonards à la mine plus que patibulaire, ensuite la traversée dans la zone industrielle extra muros. Alors là, je n’ai jamais vu ça de ma vie, ni ressenti un tel sentiment de fin du monde dans un décor apocalyptique ! Devant nous se dressent des dizaines et des dizaines de bâtiments immenses désertés : usines minières, cheminées, forges...Je me suis rarement senti aussi petit et impressionné. C’est  horrible, effrayant, tout est abandonné sur des kilomètres. Le centre-ville n’est guère mieux : des immeubles sont éventrés, cadavres au milieu de bâtiments plus modernes, tous sans charme. Sur les hauteurs, on a une vue cauchemardesque sur l’usine Thy Marcinellle, à moitié défoncée, et sur les terrils, seuls coins de « verdure » si l’on peut dire. Une ville maudite. Et le regard des habitants, on y décélérait un abattement total, une tristesse inconsolable, le poids du malheur, une Malédiction. Sur Wikipédia, on constate effectivement que Charleroi n’a pas été gâté par le Destin : l’explosion d’une mine dans les années 60, 200 morts a été le début de la fin pour la ville. Bref, on n’est pas mécontent de rentrer dans notre studio sis dans un quartier plutôt tranquille après avoir fait quelques courses au Carrefour du centre. Le repas se fera sur place, on n’est pas motivé pour manger en ville ce soir, ah ah ah…

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